25 décembre 2005

Souvenirs, souvenirs...

Que de souvenirs ont jonché ma vie de supporter de l’AS Monaco depuis maintenant huit ans! Et c’est pour le meilleur et pour le pire que j’allais, sans le savoir, vivre des moments inoubliables au rythme d’un club qui m’a apporté ce que rien ni personne ne m’a apporté en terme d’émotion. S’il fallait n’en choisir qu’un, je ne serais pas très original en optant pour le match désormais mythique contre le Real Madrid en avril 2004. Un match d’une telle intensité qu’il est bien difficile de ne pas y faire allusion tant le scénario nous a tous coupé le souffle.
Mais pour en revenir à « mes premiers pas » de supporter rouge et blanc, il faut remonter à la saison 97/98, lorsque le club se hissa en demi-finale de la Ligue des champions. Je ne connaissais alors pratiquement rien au foot. Tout juste savais-je que la Coupe du monde aurait lieu en France l’été suivant, mais je découvrais surtout quelque chose de particulier dans cette équipe, si différente des clubs phares que sont l’Olympique de Marseille et le Paris Saint-Germain. Au delà des exploits réalisés plus tôt, notamment face à Manchester United, mon premier grand souvenir n’est autre que le match retour des demi-finales de la Ligue des champions opposant l’ASM à la Juventus de Turin. Je me souviens encore de l’annonce d’avant-match de TF1 : « 3-0 : vous en rêvez… ! » Je ne comprenais alors pas ce qu’ils entendaient par là, et pour cause, puisque je n’y connaissais rien (ou presque) sur les règles des matches allers-retours. Bien sûr, j’avais suivis le match aller, et même si le club de la Principauté s’était incliné 4 buts à 1 au Stadio delle Alpi, je cernais déjà quelque chose de fort qui se dégageait de cette équipe. Quelque chose d’inexplicable, au delà de l’aspect sportif engendré par les résultats. La défaite n’avait en rien altéré la passion naissante que j’éprouvais pour ce club si particulier. Et ce n’est pas le match retour qui allait me faire changer d’avis…
C’était en avril 98, à deux mois de la Coupe du monde… Mais tous mes esprits étaient tournés sur le parcours de l’AS Monaco en Ligue des champions. Le match retour avait lieu au stade Louis II et, en ce jour mythique du 15 avril 98, je m’apprêtais à vivre l’un de mes futurs grands moments de supporter. L’équipe se présentait quasiment au complet, avec tous ses grands joueurs qui ont marqué, à leur manière, l’histoire du club : Fabien Barthez, Martin Djetou, Ali Benarbia, John Collins, Victor Ikpeba, David Trezeguet, Thierry Henry, et j’en passe et des meilleurs… Bref, une pléiade de joueurs au talent plus prometteur les uns que les autres. Face à eux se présentaient des grandes stars aux quatre coins de la pelouse, avec notamment Angelo Peruzzi, Antonio Conte, Zinedine Zidane et Alessandro Del Piero, pour ne citer qu’eux. Autant dire une Dream Team, venue chercher la qualification pour la finale de la plus prestigieuse des compétitions. Et le match débutait plutôt mal pour les Rouges et Blancs, cueillis à froid par un but de Nicola Amoruso dès le quart d’heure de jeu. Je ne savais pas, à l’époque, que mon équipe devait inscrire pas moins de cinq buts pour se qualifier. Mon insouciance me valu néanmoins de suivre le match de façon passionnante, sans me soucier des calculs aussi incompréhensibles qu’ennuyeux. Et cela me permit, avant tout, de suivre un grand match de football. Et un grand match ne pouvant l’être qu’avec des buts, l’ASM égalisait par Philippe Léonard, quelques minutes avant la pause. La seconde mi-temps allait offrir un spectacle d’un autre monde, et ce, en dépit du résultat insuffisant pour espérer décrocher la qualification. Thierry Henry rallumait d’ailleurs la flamme de l’espoir en donnant l’avantage à son équipe dès l’entame de la seconde période, avant qu’Alessandro Del Piero ne vienne refroidir les ardeurs monégasques en égalisant, à un quart d’heure de la fin du match. Un coup dur qui aurait pu décourager définitivement les hommes de Jean Tigana, mais c’était sans compter sur la générosité de cette équipe monégasque, dont les efforts pour offrir la victoire à ses supporters allaient être récompensés par un but de Robert Spehar, peu de temps avant la fin du temps réglementaire. Je comprenais alors que, malgré l’élimination, une équipe avait fait rêver la France entière, moi le premier, par son abnégation, sa combativité, son amour du jeu…
La Coupe du monde 98 « digérée », c’est en 99/2000 que j’allais enfin retrouver de quoi « m’enflammer » de nouveau. Mes connaissances footballistiques s’étaient, bien entendu, étoffées par l’épopée des Bleus en Coupe du monde et par la passion grandissante que représentait pour moi le football. Mais c’est avec l’AS Monaco que j’allais poursuivre mon amour de ce sport. Le parcours en Coupe d’Europe n’était pourtant pas aussi prodigieux qu’en 98, loin de là, et c’est finalement en championnat que l’équipe allait me faire vivre des moments de grande émotion. L’AS Monaco retrouvait le devant de la scène nationale, trois ans après son titre de champion de France, que je n’avais alors pas vécu. C’est donc à l’issue d’une année faste en championnat que l’ASM me redonnait des frissons de plaisir. Un titre acquis au terme d’une saison dominée de bout en bout, ornée de matches particulièrement spectaculaires. Je songe notamment à un certain Montpellier/Monaco, dont le scénario, au même titre que les buts spectaculaires, ponctués d’une victoire 3 buts à 2, avaient lancé une saison en tout point remarquable. Et je veux remercier tout ce groupe (les « rescapés » de l’épopée de 98 que sont Fabien Barthez, Willy Sagnol, Philippe Christanval, Philippe Léonard, Martin Djetou, Francisco Da Costa ou encore David Trezeguet, ainsi que les Marcelo Gallardo, Sabri Lamouchi, John-Arne Riise et autres Marco Simone) en ayant une pensée toute particulière pour David Di Tommaso, un joueur au grand cœur et qui avait su attirer la sympathie de tous ses coéquipiers au sein d’un groupe où il n’était pourtant que très rarement titulaire…
Plus difficile fût la chute après ce titre de champion… Le club changea de politique, les valeurs semblaient se perdre… Didier Deschamps succédait à Claude Puel à la tête de l’équipe et le baptême du feu de l’ancien champion du monde fut bien difficile. C’est le moins que l’on puisse dire ! Mais il a su construire un groupe qui, s’il ne ressemblait en rien à l’équipe de 98, ni même à celle de 2000, allait écrire l’une des plus belles pages de l’histoire du club. C’était en 2003/2004, à l’aube d’une saison où, fait rarissime, tous les joueurs de l’équipe s’étaient unis en formant une sorte de « pacte ». Celui de former un groupe de telle sorte que personne ne quitte le navire après la belle saison effectuée en 2002/2003, couronnée d’une victoire en Coupe de la Ligue. Et c’est paradoxalement un fait malheureux qui lança, bien malgré lui, une saison qui s’annonçait déjà très prometteuse… Il est des destins parfois qui se croisent, du jour au lendemain, sans que rien ne puisse les présager. C’était le 24 août 2003, au soir d’une belle affiche opposant l’AS Monaco au Paris Saint-Germain au Parc des Princes et, sur un tacle assassin de José Pierre-Fanfan, Shabani Nonda était victime d’une très grave blessure qui allait le tenir éloigné des terrains pour de longs mois… Une grosse désillusion pour ce joueur au sommet de son art et qui voulait vivre, plus que jamais, une grande saison. Pour palier cette triste blessure, c’est Fernando Morientes, auréolé d’un riche palmarès, qui posait ses valises en Principauté. Une inspiration comme on en voit rarement dans le football, tant l’ancien Madrilène allait éclabousser le football européen de toute sa classe, permettant ainsi à l’ASM d’atteindre des sommets. Il y eu d’abord ce match d’anthologie face à La Corogne, ponctué d’un score astronomique de 8 buts à 3 et auquel Fernando Morientes assistait des tribunes. Il y eu ensuite ce match inoubliable face au Real Madrid, lors duquel il marquait un but splendide de la tête. Un match qu’aucun supporter monégasque ne pourra jamais oublier, tant la ferveur a atteint des limites jusque là inexplorées.
Il y eu bien la belle victoire face à Chelsea en demi-finale et la qualification historique pour la finale de la Ligue des champions, ou encore la défaite malheureuse à Gelsenkirchen face à Porto… Mais c’est bien l’aventure humaine extraordinaire qui animait ce groupe tout au long de la saison qui nous laissera nous, supporters de l’AS Monaco, un souvenir impérissable…