08 octobre 2005

La France face à son histoire...

L'équipe de France a rendez-vous avec son histoire, ce soir, face à la Suisse à Berne, pour le compte des éliminatoires de la Coupe du monde 2006 qui sera organisée en Allemagne. La France est à 90 minutes du rêve suprême: obtenir son billet pour la plus prestigieuse et la plus médiatisée des compétitions sportives au monde. Privée de Thierry Henry et David Trezeguet, l'équipe de France se voit dépossédée de ses deux meilleurs buteurs, au moment où elle doit absolument marquer pour espérer préserver ses chances de qualification. Une victoire face aux Suisses garantirait en tout cas la qualification pour la Coupe du monde, alors qu'une défaite condamnerait quasiment l'équipe de France à une improbable élimination. C'est dire l'enjeu qui se présente ce soir pour les hommes de Raymond Domenech.
A deux journées du terme des éliminatoires, il est important de dresser un bilan du parcours chaotique de l'équipe de France ainsi que son avenir suivant le résultat de la rencontre de ce soir. Au lendemain d'une calamiteuse élimination au stade des quarts de finale de l'Euro 2004, les principaux cadres de l'équipe que sont Marcel Desailly, Bixente Lizarazu, Lilian Thuram et Zinedine Zidane, imités plus tard par Claude Makelele, ont annoncé leur retraite internationale, au moment où le prestige de l'équipe de France était au plus bas depuis dix ans. Un chantier que la fédération française de football décidait d'en accorder les rênes à Raymond Domenech, responsable des Espoirs depuis de nombreuses années, et qui allait vite laisser place à un marasme de plus en plus profond. Des matches nuls aussi nombreux que décevants; une équipe sans âme, ni leader; des tensions internes de plus en plus visibles; des mises à l'écart irrémédiablement sans issue (Robert Pires et Mickaël Silvestre, entre autres, sans oublier Nicolas Anelka); des joueurs méritants mais "oubliés" par le sélectionneur (Olivier Dacourt, Johan Micoud, Peter Luccin, Patrice Evra, ou encore Valérien Ismaël). Bref, une transition mal négociée par l'ancien patron des Espoirs dans un groupe de qualification qui allait réserver un scénario incroyable puisque quatre équipes, au lieu de trois en temps normal, allaient se neutraliser au fil des rencontres directes, pour finalement offrir à ce groupe 4 un suspense à couper le souffle. Pourtant, au moment du tirage au sort, peu nombreux étaient ceux qui auraient miser sur la surprenante équipe d'Israël, reléguée au rang d'outsider inoffensif. L'Eire, quant à elle, était annoncée comme la principale rivale de l'équipe de France, au prix d'un beau parcours effectué lors de la Coupe du monde 2002, alors que les Bleus étaient considérés comme les favoris logiques à la première place directement qualificative pour la Coupe du monde. Quant à la Suisse, elle figurait comme une équipe à ne pas sous-estimer, sans pour autant faire de l'ombre aux deux ténors du groupe.
Mais force est de constater - et le classement actuel est là pour en témoigner - que les Helvétiques font davantage que de la figuration dans ce groupe, et pour cause, puisqu'ils sont en tête du classement, au moment d'affronter leurs deux principaux rivaux. Et il est bien difficile, à ce stade de la compétition, de dire si leur calendrier est favorable ou non. En effet, après la réception de l'équipe de France, ce soir, ils iront défier l'Irlande dans son antre de Lansdowne Road, mercredi prochain, pour un match qui s'annonce d'ores et déjà électrique. Mais avant cela, les Suisses ont un rendez-vous extrêmement important face à la France qui pourrait les propulser, en cas de victoire, vers la Coupe du monde 2006. Autant dire qu'il s'agirait du plus grand exploit jamais réalisé par la Suisse dans un sport collectif. Un rendez-vous que les Suisses ne manqueraient sous aucun prétexte, eux qui ont réussit à tenir les Bleus en échec lors du match aller disputé au stade de France. Un match nul qui pourrait faire également le bonheur des Helvétiques, qui resteraient alors devant la France et l'Irlande, grâce à leur meilleure différence de buts générale. En revanche, un quelconque match nul sur un autre score que 0-0 permettrait aux Français de passer devant en cas d'égalité parfaite, c'est-à-dire le même nombre de points et la même différence de buts générale.
En bref, le vainqueur de la rencontre disputera, quoi qu'il arrive, la Coupe du monde 2006 en Allemagne, tandis qu'un match nul ne ferait l'affaire d'aucune des deux équipes, sans pour autant compromettre leurs chances de qualification. Une défaite, en revanche, serait synonyme d'élimination très probable, avant même le début de la compétition. A noter également que la France ne s'est plus qualifiée - sur un terrain - pour une Coupe du monde depuis 20 ans et même depuis plus de 40 ans sans la présence de Michel Platini dans l'équipe. C'est pourquoi ce match revêt, outre l'ivresse d'une éventuelle qualification, une importance particulière, puisqu'elle permettrait à la France de retrouver enfin son standing, cinq ans après son dernier titre majeur. C'est en tout cas tout le mal que l'on peut souhaiter à cette équipe, qui ne demande qu'à faire revivre des moments magiques à ses 60 millions de compatriotes...