Les Bleus entre espoirs et regrets...
L'équipe de France a manqué une belle occasion d'obtenir son billet pour la Coupe du monde 2006 après son match nul face à la Suisse, hier soir, à Berne. Dans un stade essentiellement acquis à la cause des Helvétiques, les Bleus ont livré une prestation mitigée, entre une première mi-temps à l'avantage des Suisses et une seconde mi-temps beaucoup mieux maîtrisée. Cependant, le résultat est loin d'être une contre performance au vu de l'opposition offerte par les Suisses, qui semblaient déchaînés à l'idée de battre leurs homologues français et ainsi assurer leur qualification pour le Mondial 2006. Jamais, en tout cas, les éliminatoires n'avaient offert un tel suspense au moment du sprint final, puisque pas moins de quatre équipes peuvent encore espérer décrocher leur billet pour la prochaine Coupe du monde dans ce groupe plus que jamais indécis.
Dans un stade de Suisse flambant neuf, le match démarrait avec une grande intensité. Les dix premières minutes offraient un spectacle de haut niveau où les deux équipes se répondaient coup pour coup, se procurant même de belles opportunités dès l'entame de match. La suite était, en revanche, à sens unique et les Suisses prenaient peu à peu le contrôle du match, face à une équipe de France qui manquait véritablement de rythme dans la transmission du ballon. Et il n'en fallait pas davantage pour voir les Suisses se mettre à l'oeuvre sur des mouvements fluides et efficaces, et qui gênaient considérablement une équipe de France ballottée pendant près de vingt minutes avant de refaire surface dans le dernier quart d'heure. Dans ces conditions, les pertes de balles étaient autant d'opportunités pour l'adversaire de prendre la pleine mesure de la rencontre et de s'installer dans le camp adverse. Avec un Sylvain Wiltord beaucoup trop esseulé à la pointe de l'attaque tricolore, difficile de trouver une brèche au sein d'une défense solide et remarquablement organisée. Et même avec un Zinedine Zidane qui faisait son retour à la compétition après une petite demi-heure de jeu disputée depuis le match en Irlande, les occasions se faisaient de plus en plus rares au moment où approchait le coup de sifflet renvoyant les deux équipes aux vestiaires. Et c'est finalement sur un score heureux que les Bleus rejoignaient justement les vestiaires, dominés par une formation helvétique qui a parfaitement su bloquer la transmission des Français sur leurs phases offensives, se permettant même de ne pas instaurer de marquage individuel sur le meneur de jeu français afin de mieux exploiter les velléités offensives tricolores.
A la mi-temps, Raymond Domenech décidait de faire entrer Djibril Cissé pour apporter de la profondeur au jeu de son équipe, en lieu et place d'un Vikash Dhorasoo trop peu sollicité sur son couloir droit, à la différence de Florent Malouda sur l'aile gauche. Un changement tactique qui allait s'avérer payant puisque, à la 52ème minute, à la réception d'un bon ballon de Sylvain Wiltord, Djibril Cissé obligeait Züberbühler, le portier suisse, ainsi que son défenseur Patrick Müller, à intervenir précipitamment sur l'attaquant français... Mais la mésentente entre les deux hommes profitait à l'avant-centre de Liverpool, qui récupérait le ballon avant de le pousser au fond des filets, pour ainsi permettre à l'équipe de France de prendre l'avantage. A ce moment là, les Bleus obtenaient, grâce à ce résultat, leur billet pour le Mondial 2006, mais encore fallait-il tenir pendant près de quarante minutes cet avantage au tableau d'affichage. Le plus dur semblait, en tout cas, être fait... Du moins, c'est ce que croyaient les hommes de Raymond Domenech, face à une équipe suisse qui semblait mal digérer ce coup du sort, multipliant les imprécisions et les maladresses, eux-mêmes qui faisaient preuve d'une grande maîtrise en première période. La suite donnait même raison à l'équipe de France, apparemment plus sereine dans le jeu et qui exploitait la déficience mentale des joueurs suisses, sans doute légèrement démobilisés immédiatement après l'ouverture du score. Mais c'était sans compter sur cette vaillante équipe suisse, qui refaisait peu à peu surface pour pousser les Français dans leurs derniers retranchements, au point de les prendre à défaut sur un coup de pied arrêté apparemment anodin situé à quarante mètres des buts gardés par Grégory Coupet, légèrement excentré sur le côté droit... Un coup-franc magistralement frappé par le pied gauche de Magnin et qui était malencontreusement détourné par Lilian Thuram pour venir mourir au fond des filets du gardien lyonnais. Un véritable coup du sort pour des Français qui avaient, semblait-il, pris la mesure de leurs adversaires suite à l'ouverture du score de Djibril Cissé. Les dernières minutes étaient alors irrespirables, tant le moindre but pouvait faire basculer non seulement le scénario du match mais aussi - et surtout - le destin des deux équipes dans ces éliminatoires. Une fin de match à l'image des dix premières minutes, où les deux équipes étaient au bord du KO. Les dernières occasions sont à mettre à l'actif des Tricolores, et ce, en dépit d'une forte pression de la part des joueurs suisses. Les contres étaient bien exploités par les joueurs de l'équipe de France, notamment sur une récupération plein axe de Sylvain Wiltord, qui s'ouvrait le chemin du but, avant d'armer sa frapper aux vingt mètres, pour finalement trouver la trajectoire du portier helvétique. La dernière frappe - superbe - était signée Zinedine Zidane - du gauche, comme souvent - et il fallait une remarquable parade de Züberbühler pour empêcher le meneur de jeu des Bleus d'inscrire un but ô combien crucial à un tel moment de la partie.
Au coup de sifflet final, la réaction des joueurs oscillait entre la frustration de ne pas avoir obtenu ce qu'ils étaient venus chercher, à savoir la qualification, et le sentiment que cette équipe suisse aurait pu, elle aussi, obtenir un meilleur résultat, notamment au terme d'une première période heureuse côté Français. A l'arrivée, le classement réserve, plus que jamais, une issue indécise puisque les Bleus sont à la fois maîtres de leur destin - à condition qu'ils "cartonnent" face à Chypre mercredi prochain - mais également dépendant du résultat de la Suisse en Irlande, et qui pourrait permettre aux Français de se qualifier sans être pour autant prolifique face aux modestes chypriotes. Le suspense est maintenant à son paroxysme et le duel à distance qui sera livré mercredi nous réserve un final absolument époustouflant...
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