23 janvier 2006

Affaire Eydelie: le plus gros scandale du football français ?

Que serait l’OM sans son titre de champion d’Europe acquis en 1993 ? Probablement pas aussi prestigieux qu’à l’heure actuelle. Autant dire que l’affaire Eydelie, qui a secoué le monde du football français la semaine dernière, fait grand bruit du côté de la Canebière…
Jean-Jacques Eydelie, 39 ans, est au cœur de l’actualité footballistique de la semaine après ses déclarations tapageuses sur l’OM du début des années 90. Les faits remontent au moment où l’Olympique de Marseille dominait l’Europe du football et écrasait le championnat de France. Une période faste pour l’OM mais entachée par l’épisode OM-VA, qui rendit coupables les dirigeants marseillais – Bernard Tapie en tête – de tentatives de corruption. Une fois condamné, le club fut relégué en deuxième division, avant de refaire surface dans le paysage du football français et de retrouver peu à peu des couleurs. Bernard Tapie purgea sa peine de prison et l’Olympique de Marseille se cherchait une identité pour mettre ainsi fin au plus gros scandale que le football français ait connu. Mais que dire des révélations faites par l’ancien joueur olympien sur les dérives illégales utilisées par son ancien club lors de la fameuse victoire de Munich en 93 ?
L’affaire a de quoi faire grand bruit, et pour cause, puisqu’elle met à mal la plus belle performance jamais réalisée par un club français en Coupe d’Europe. En tant que supporter de l’AS Monaco, je me garderais bien de faire des comparaisons, mais force est de constater que les rumeurs et autres anecdotes vont bon train depuis cet épisode douloureux du côté de la Canebière. Marcel Desailly avoua même sans détour, dans son autobiographie intitulée Capitaine, que certaines choses pouvaient être sujettes à discussions et être parfois mal interprétées, comme par exemple une anecdote sur des substances douteuses avant une rencontre importante disputée il y a plus de dix ans. Celle-ci eu lieu très exactement le 18 décembre 1992, juste avant la rencontre au sommet face à l’ennemi juré du Paris Saint-Germain, à l’époque où les rivalités prenaient des allures d’affrontements politico-médiatiques. C’est ainsi que Bernard Tapie décidait, comme à son habitude de descendre dans les vestiaires pour prendre la température de la rencontre. Debout au milieu du vestiaire, il haussa soudainement le ton afin de se faire entendre et de dicter ses intentions, avant de sorti une boîte de médicaments, probablement destinés à stimuler les performances individuelles de ses joueurs. Du moins, c’est ce qu’indiquait alors la notice : « Ce médicament, au-dessus de certaines doses, peut-être considéré, pour des sportifs de haut niveau, comme une substance dopante. » Son autorité et son charisme étaient tellement oppressants que certains joueurs, de peur de se faire réprimander par celui que l’on surnommait "le boss", obéirent sans broncher. Après coup, les résultats du contrôle antidopage s’avérèrent tous négatifs et il est bien évident qu’il s’agissait de simples antibiotiques (non dopants, bien sûr) dont le but était simplement de motiver les joueurs sur un plan purement psychologique…
C’est pourquoi c’est avec la plus grande délicatesse que l’on doit prendre les déclarations sulfureuses de ce joueur méconnu mais propulsé au centre d’une affaire qui risque de mettre à mal la réputation d’un club connu pour ses excès, aussi bien sur le plan sportif qu’extra-sportif. Néanmoins, de telles accusations ne doivent en aucun cas être négligées et nul doute que l’UEFA se saisira du dossier pour déterminer s’il y a eu, oui ou non, une volonté de modifier les performances physiques de joueurs olympiens avant cette prestigieuse victoire face au Milan AC. Tant est si bien que si tel était le cas, le football français pourrait perdre son seul trophée de prestige en terme de compétitions interclubs et que l’avenir du club phocéen serait profondément marqué par un scandale d’une ampleur sans précédents qui nuirait considérablement à son image, même si la ferveur des supporters n’en prendrait pas forcément un coup. De toute façon, l’amour d’un club va au-delà de toute considération extra-sportive et il est inutile de priver des milliers de gens de leurs rêves si la vérité est trop difficile à élucider.
Quoi qu’il en soit, si l’affaire aboutissait à des conclusions qui iraient à l’encontre de l’Olympique de Marseille, il paraîtrait quelque peu grotesque d’enlever un titre aussi prestigieux treize ans après, alors que les instances dirigeantes de l’époque n’ont pas été en mesure de lutter contre un fléau qui faisait à peine son apparition dans le milieu du football. Par ailleurs, lorsque de tels agissements sont commis dans ce milieu, rien ne peut résoudre les dérives parfois mafieuses qui rôdent discrètement – et malheureusement parfois efficacement – autour de ce sport si populaire. Espérons qu’il s’agisse d’une simple entreprise médiatique visant à mettre fin à un compte criblé de dettes et que tout soit remis en ordre afin que le football français n’en pâtisse pas, à seulement quelques mois de la Coupe du monde…

19 janvier 2006

ASM: Douglas Maicon, l'énigmatique...

A quoi joue Douglas Maicon au moment où les pourparlers l’envoient déjà du côté de l’Inter de Milan pour le prochain mercato d’été ? La question mérite d’être posée après son curieux début d’année 2006. Retour sur un joueur qui ne passe pas vraiment inaperçu…
Arrivée lors du marché estival de 2004, Douglas Maicon rejoint alors un club au sommet de son art, finaliste de la Ligue des champions et qualifié pour le tour préliminaire de cette même compétition. Son nom n’est pas encore une référence en Europe, où le championnat brésilien est très peu suivi. Mais sa réputation en fait le digne successeur de l’immense Cafu sur le couloir droit de la Seleçao. Une lourde responsabilité qui pèse sur ses épaules mais qui n’a pas l’air de le gêner outre mesure. Doté d’une technique toute brésilienne et d’une facilité déconcertante à occuper tout son flanc droit, il doit alors s’adapter à un championnat très différent de celui qu’il vient à peine de quitter. Son penchant pour l’attaque est un problème à résoudre rapidement et l’on se dit que le joueur finira bien par évoluer dans sa façon d’appréhender les exigences tactiques requises pour un championnat européen. Mais rien n’y fait ! Son entêtement continue encore et toujours à aller à l’encontre de son entraîneur d’alors, le très rigoureux Didier Deschamps, qui dût finalement se faire une raison et accepter les caractéristiques naturelles de son joueur.
Recruté pour quelques 3 millions d’euros, Douglas Maicon ne tarde pas à montrer toute l’étendue de son talent. Ses facilités techniques sont indéniables et son apport offensif indiscutable. On se dit même qu’il ne finira pas la saison sur le Rocher, tant la convoitise de grands clubs européens se fait de plus en plus pressante. Mais c’était sans compter sur la modération de son coach, qui souhaite en faire un pion essentiel de sa défense, alors que l’équipe a gagné le droit de disputer la Ligue des champions et qu’un tel événement ne peut engendrer des départs importants. Son rendement est dans l’ensemble correct, en dépit de son côté individualiste, qui en fait un joueur à part. Son obstination à vouloir jouer à la fois le rôle de latéral droit et d’ailier droit n’est pas du goût de son entraîneur, qui ne manque pas de le lui faire comprendre. Mais chassez le naturel et il revient au galop ! C’est ainsi que l’international brésilien voit les choses ! Et puisqu’il en est ainsi, l’équipe va devoir en payer les conséquences. Résultat : son rendement défensif est souvent critiqué et l’équilibre de l’équipe s’en trouve perturbée. Les mauvais résultats ne sont, certes, pas à mettre à son actif, mais il apparaît clairement que sa tendance à aller de l’avant semble aller à l’encontre même de l’organisation offensive de ses partenaires du milieu de terrain. A tel point que Didier Deschamps n’hésite alors pas à l’aligner sur l’aile droite, afin de tempérer ses ardeurs offensives.
Au bout du compte, il est évident que son tempérament est au cœur de chaque controverse au moment où son équipe accuse une baisse de régime. Son influence sur le groupe reste cependant limitée, dans la mesure où il ne fait pas l’unanimité de par son côté individualiste, même si ses coéquipiers ne lui en tiennent pas vraiment rigueur. En outre, son début de saison 2005/2006 est en partie gâché par les piètres prestations de son équipe, éliminée dès le tour préliminaire de la Ligue des champions et dont les ambitions sont peu à peu revues à la baisse. L’arrivée sur le banc de l’AS Monaco de l’entraîneur italien Francesco Guidolin n’arrangera pas les choses. Très à cheval sur la solidité défensive de son équipe, le coach transalpin n’hésite pas à réprimander son joueur pour ces incessants va-et-vient sur le couloir droit. Au point même qu’une légère altercation a émaillé la rencontre face à Bordeaux… Lassé de voir son joueur faire preuve d’un manque évident d’altruisme sur les phases offensives, il le lui fit savoir à distance, ce que le joueur n’apprécia pas du tout. Ce dernier se permit même de demander le changement en guise de réponse à son entraîneur. Cette querelle oubliée, il paraît néanmoins évident que la signature d’un précontrat avec l’Inter de Milan occupe les esprits et que le joueur est moins concerné par l’échéance d’une saison qu’il faudra vite oublier. A cinq mois de la Coupe du monde, il devra néanmoins faire preuve de rigueur et de régularité car son principal concurrent pour le poste de latéral droit, le Madrilène Cicinho, a déjà pris une belle longueur d’avance…
De ce fait, la fin de saison qui approche conditionnera certainement l’avenir d’un joueur qui n’a pas fini de faire parler de lui. Son tempérament explosif devra être rapidement canalisé, sous peine d’être privé d’un couloir droit où il règne seul en maître du côté de la Principauté. C’est à ce prix que Douglas Maicon devra faire parler son talent et ainsi montrer que les promesses qui lui ont été attribuées reflètent bel et bien la réalité…

13 janvier 2006

ASM : Avec Christian Vieri, ça risque de faire "Bobo"…

Avec l’arrivée du redoutable buteur italien du Milan AC, Christian Vieri, dit "Bobo", l’AS Monaco vient de se doter, après celle de Marco Di Vaio il y a dix jours, d’un duo d’attaque très impressionnant, du moins sur le papier… En effet, le CV de la nouvelle recrue monégasque a de quoi faire frémir les défenses de Ligue 1. L’international italien, en manque de temps de jeu dans l’optique du Mondial 2006, espère en tout cas que son passage à Monaco sera remarqué de l’autre côté des Alpes, dans l’espoir de faire partie du groupe sélectionné pour disputer la Coupe du monde en Allemagne…
Dix jours après le premier gros coup du mercato avec l’arrivée de Marco Di Vaio en provenance du FC Valence, l’ASM marque donc un grand coup en attirant un autre buteur de renom en la personne de Christian Vieri. Son palmarès et sa réputation en a même fait l’un des attaquants les plus redoutés de la planète, à telle point qu’après une saison prolifique à l’Atletico Madrid, lors de laquelle il inscrivit pas moins de 24 buts, il signait un contrat en faveur de la Lazio de Rome, avec qui il gagna la Coupe des Coupes (C2), avant de prendre la direction de l’Inter de Milan en 1999, où il fut associé à Ronaldo à la pointe de l’attaque. Un duo qui n’allait toutefois pas tenir toutes ses promesses, l’attaquant brésilien étant victime d’une grave blessure qui allait le tenir éloigné des terrains pour de longs mois. Une absence qui ne l’empêcha pas d’inscrire 13 buts en 19 matches… Les saisons se suivaient et son compteur buts gagnaient en efficacité puisqu’il inscrivit 18 buts la saison suivante, puis 22 en 2001/2002, et même 24 en 2002/2003, avec un titre de meilleur buteur à la clef. Une régularité au plus haut niveau qui lui valut plusieurs apparitions au sein de la Squadra Azurra, avant que les pépins physiques ne viennent ternir un peu son impressionnant rendement offensif…
Sa saison 2003/2004, tronquée par les blessures, l’empêcha de poursuivre son ascension à l’Inter, et il du se "contenter" de 13 réalisations en 22 matches. Pire, la saison suivante, il ne marqua qu’à 12 reprises en 27 rencontres et perdit peu à peu ses chances de retrouver la sélection nationale, barré par Francesco Totti, Antonio Cassano, Alberto Gilardino ou encore Luca Toni sur la voie pourtant annoncée royale de la sélection, au moment où il brillait lors de la Coupe du monde 98 sur les pelouses françaises. Ses détracteurs le disent même sur le déclin, à tel point que certains considèrent qu’il ne retrouvera jamais le haut niveau. Son court intermède chez l’ennemi juré de l’Inter, le Milan AC, ne plaidaient d’ailleurs pas en sa faveur, lui qui était laissé libre l’été dernier et que le club lombard ne s’est pas fait prier pour en faire son joker de luxe… Mais ses apparitions se faisaient bien trop rares pour espérer renverser la vapeur et retrouver enfin son standing. Il n’en fallait pas plus au buteur italien pour demander à ses dirigeants de rompre le contrat qui le liait au grand club milanais afin de trouver un temps de jeu beaucoup plus conséquent en vue de la Coupe du monde…
Avec l’arrivée, en octobre dernier, de l’entraîneur transalpin Francesco Guidolin et celle, plus récente, de l’attaquant Marco Di Vaio, Christian Vieri ne sera pas en terre inconnue sous le soleil radieux de Monaco. D’autant plus que ses origines maternelles lui permettent de parler un français quasi-parfait. Une chance pour un joueur qui n’a connu qu’une seule saison à l’étranger ! Une courte expérience qui restera la plus prolifique de sa carrière puisqu’il avait réussit l’exploit d’inscrire 24 buts en… 24 matches ! Une performance de premier ordre puisque son temps d’adaptation ne l’empêcha pas de finir Pichichi cette saison-là, à savoir meilleur buteur de la Liga. Sa réputation de joueur ingérable fait de lui un joueur à part : admiré par certains, détesté par d’autres, mais toujours considéré comme un attaquant puissant et véloce. Une réputation qui le place même au rang de "star" dans un championnat de France en manque de considération chez les joueurs de renom.
Son duo avec son compatriote Marco Di Vaio est prometteur. En tout cas, seul le terrain pourra dire s’il sera à la hauteur des attentes du club, toujours en course pour une place en Ligue des champions. C’est à ce prix que l’ASM devra faire preuve de régularité dans cette deuxième partie de saison si le club ne veut pas remettre ses comptes dans le rouge. Car si l’indemnité de transfert devrait être négociée sous la forme d’une rupture de contrat, synonyme de gratuité, le salaire mirobolant de l’ancien buteur milanais, qui a du faire un important sacrifice financier pour se mettre aux "normes" de la Ligue 1 (il touchait, au Milan AC, un salaire annuel estimé à 5 millions d’euros, qui serait étalé sur 18 mois, soit une baisse d’environ 30%), reste difficilement gérable dans un club certes privilégié sur ce point là mais qui se veut raisonnable en terme de budget. Le transfert de Patrice Evra pour Manchester United, évalué à 7,3 millions d’euros, devrait néanmoins permettre au club d’assainir ses finances, voire même de recruter encore un ou deux joueur(s).
L’arrivée de Christian Vieri sur le Rocher, aussi surprenante soit-elle, a en tout cas le mérite de redonner de l’ambition à un club qui a mal tourné la page européenne de la saison 2003/2004. Les recrutements conjugués des deux buteurs italiens ne doivent pas mettre la qualité des Adebayor, Chevanton et autre Gigliotti en question, même s’ils sont consécutifs à un manque chronique d’efficacité depuis le début de la saison. L’espoir de voir ce duo d’attaque mettre fin aux résultats en dents de scie de l’AS Monaco ne demande qu’à être concrétisé sur le terrain. Pour l’intérêt de l’AS Monaco d’abord, pour l’intérêt du championnat de France ensuite…

11 janvier 2006

Barthez-Coupet, duel de numéros 1...

La Coupe du monde approche à grands pas et chaque occasion est belle pour analyser les formes respectives de nos deux gardiens internationaux. Celle qui va mettre aux prises l’Olympique Lyonnais et l’Olympique de Marseille en fait bien évidemment partie, même si l’issue du match ne sera certainement pas décisive à cinq mois de l’échéance. L’occasion quand même de dresser un bilan objectif (?) (je suis un fan inconditionnel de Fabien Barthez) des points forts et des points faibles des deux protagonistes.
Tout aurait été beaucoup plus simple dans la tête du sélectionneur si Fabien Barthez n’avait pas eu ce geste malheureux, mais néanmoins maladroit, lors d’un match amical qui a fait couler beaucoup d’encre. « L’affaire du crachat » restera à coup sûr LE gros point noir de la brillante carrière de Fabien Barthez. Un fait très préjudiciable puisqu’il a entraîné, outre la suspension de six mois, la mise en question de son statut de titulaire en équipe de France. Pourtant, tout plaidait en sa faveur jusqu’à cette erreur, au point même que personne n’aurait osé prétendre être en concurrence avec l’ancien portier de l’AS Monaco. Son parcours en équipe de France a été quasiment un sans-faute (du moins, avant cet épisode préjudiciable), ce qui lui valu d’être considéré comme l’un des meilleurs – sinon le meilleur – gardien du monde. Sa véritable consécration aura, de loin, été la Coupe du monde 98, qui l’a propulsé au rang de numéro 1 mondial. Auteur d’un Mondial que l’on pourrait qualifier de « parfait », il ne faisait guère de doute que Fabien Barthez défendrait les cages tricolores pour un long moment. Ses performances à Monaco étaient également à créditer d’une régularité sans faille au plus haut niveau, et l’on se demandait même alors s’il avait un rival, tant son prestige, allié à son charisme, le rendait quasi-imbattable.
De son côté, Grégory Coupet, gardien sobre et sérieux de l’Olympique Lyonnais, faisait ses gammes depuis plusieurs saisons déjà dans le championnat de France, sans pour autant faire de vague en raison du niveau jugé insuffisant pour espérer obtenir une place en équipe de France. L’Olympique Lyonnais ne cessa malgré tout de progresser, au même rythme que son gardien, et les années au plus haut niveau, par le biais de belles performances, tant en championnat que sur la scène européenne, allait lui permettre d’atteindre un niveau plus en adéquation avec l’exigence que requiert un statut d’international. Sa première sélection lors du match de Coupe des Confédérations contre l’Australie en 2001 n’était finalement que la juste récompense de tous les efforts accomplis par le disciple de Joël Bats et qui allait lui permettre de faire le voyage à Séoul pour accompagner l’équipe de France dans sa quête d’un deuxième sacre mondial… Le fiasco digéré, c’est encore et toujours sous la tunique lyonnaise qu’il gravit pas à pas les échelons, pour finalement glaner une place de numéro deux au détriment d’Ulrich Ramé. L’Euro 2004 ne lui permit toujours pas d’évoluer au sein d’une équipe de France dans une grande compétition internationale. Son courage et sa ténacité allait lui donner raison car c’est véritablement au terme d’une saison 2004/2005 remarquable et au prix d’une régularité impressionnante au plus haut niveau que la carrière de Grégory Coupet allait enfin prendre de l’ampleur. A tel point que le sélectionneur national le plaçait comme le remplaçant indiscutable de Fabien Barthez, sans pour autant que ce dernier ne souffre de la concurrence.
Comment, alors, ne pas faire référence à ce match amical disputé dans une ambiance délétère par l’Olympique de Marseille et qui allait quasiment briser la carrière de Fabien Barthez ? Un événement qui en aurait découragé plus d’un. Mais c’était sans compter sur son amour incroyable pour ce sport, son mental inébranlable, sa force de caractère phénoménale… Et pourtant, il n’a pas été épargné tout au long de sa carrière. Tantôt élevé au rang « d’ange gardien » pour ses sauvetages aussi spectaculaires qu’efficaces. Tantôt critiqué pour ses bourdes soi-disant à répétitions. On le dit même sur le déclin… Mais qui n’a pas eu dans sa carrière de baisses de régime ? C’est en cela que son passage à Manchester, s’il n’a pas laissé un souvenir impérissable dans la tête de ses détracteurs, a peu à peu mis à mal son exceptionnel potentiel. Lui qui se dit imperméable à la pression médiatique n’a-t-il pas été victime de cet acharnement infligé par les médias au sortir d’un match où il a certes fait une grossière erreur, mais qui n’en n’a pas commis ?
Que dire de Grégory Coupet, si ce n’est que sa carrière aura été l’opposé de celle de son homologue marseillais ? D’abord confiné à un rôle de « gardien de bon niveau » à ses débuts sous le maillot lyonnais. Adulé ensuite pour ses performances, tant avec son club qu’en équipe de France. Son ascension et sa régularité plaide indiscutablement en sa faveur, même si sa faible expérience des compétitions internationales constitue un handicap (à tort, d’ailleurs, puisque Fabien Barthez a été tout simplement irréprochable lors de sa première grande compétition internationale). Son mérite est d’avoir cru jusqu’au bout à une possible promotion chez les Bleus. Après s’être longtemps incliné devant son indétrônable concurrent, il a revendiqué (à juste titre) un autre statut en équipe de France, sans pour autant mettre les qualités de Fabien Barthez en doute, ni même contester la hiérarchie établie. On ne peut que lui donner raison.
Une chose est sûre : la France peut se féliciter d’avoir à sa disposition deux gardiens de classe internationale aussi forts. Le duel ne fait que commencer et le sélectionneur aura tout le loisir de faire son choix pour le Mondial, alors que toute la France est pendue à l’annonce de celui qui gardera les buts en Allemagne. Si Grégory Coupet possède l’avantage indéniable d’être, à l’heure actuelle, incontesté sur le plan de la régularité, il ne faut pas oublier que Fabien Barthez a été IRRÉPROCHABLE durant les Coupes du monde 98 et 2002 et lors des championnats d’Europe 2000 et même 2004, et ça, c’est quelque chose d’inestimable. Par ailleurs, son rendement actuel est, en partie, influencé par les six mois où il a été privé de compétition, et il ne fait aucun doute qu’il sera à 100% de sa forme lors la Coupe du monde 2006. De toute façon, un seul homme tranchera, et ce sera le sélectionneur…

07 janvier 2006

ASM : Un seul être vous manque et tout est dépeuplé…

Après trois ans et demi de bons et loyaux services, Patrice Evra s’apprête à parachever un contrat en faveur de Manchester United. Très affecté par le départ de Didier Deschamps à la mi-septembre, le défenseur international voulait absolument changer d’air, afin de retrouver enfin le niveau qui était le sien lors de la saison 2003/2004, saison qui l’avait révélé grâce au parcours exceptionnel de son club en Ligue des champions. Et c’est non sans regret qu’en tant que supporter de l’AS Monaco et fan de ce joueur, je suis attristé par son départ…
Son état d’esprit irréprochable et son mental de compétiteur lui avait valu d’être particulièrement apprécié par celui qu’il considère toujours comme son mentor, à savoir Didier Deschamps. L’entente semblait parfaite, à tel point que le joueur mis, plus d’une fois, ses choix sportifs entre parenthèses pour continuer l’aventure à ses côtés. Les résultats du début de saison ayant eu raison de l’ancien capitaine des Bleus, c’est avec une énorme boule au ventre que l’ancien joueur de Nice allait poursuivre la première partie de saison. Ses performances ne s’en faisaient pas pour autant sentir, sous la houlette de son nouvel entraîneur, l’Italien Francesco Guidolin. Mais son retour en équipe de France se faisait toujours attendre et ses espoirs de revêtir de nouveau le maillot bleu à l’approche du Mondial s’évanouissait peu à peu… D’autant plus que la blessure d’Eric Abidal, qui semblait jusque là être le seul joueur à pouvoir lui barrer la route sur le flanc gauche de la défense tricolore, n’était toujours pas une raison pour le sélectionneur de le rappeler chez les Bleus.
Titulaire indiscutable lors de la prise de fonction du sélectionneur, Patrice Evra semblait pourtant sur la voie royale au moment de l’annonce de la retraite internationale de Bixente Lizarazu à l’issue de l’Euro 2004. Ses performances aux côtés de Jérôme Rothen avait particulièrement retenu l’attention des observateurs lorsque l’ASM se hissa en finale de la Ligue des champions en 2004, mais une blessure malheureuse, à quelques semaines du championnat d’Europe des nations, avait mis fin aux rêves de sélection du latéral gauche. Son destin était néanmoins tout tracé à partir du moment où le maître du flanc gauche de l’équipe de France allait prendre sa retraite internationale. Certes, son début de saison 2004/2005 en demi-teinte ne plaidait pas en sa faveur, mais le sélectionneur n’hésitait pas à le titulariser, préférant ainsi faire confiance aux jeunes. Mais c’est quelque peu soudainement qu’il ne fit plus partie des plans de Raymond Domenech, puisqu’il n’a plus reçu de convocation depuis novembre 2004… Auteur de prestations parfois irrégulières la saison dernière, Patrice Evra ne pensait, dès lors, qu’à une seule chose : rebondir et ainsi montrer ce dont il est vraiment capable. Son mental sans faille (du moins le pensait-on à l’époque) était un moteur que ses performances en club allait lui permettre de revenir à son meilleur niveau. Son attachement à l’AS Monaco était telle que le joueur choisissait de poursuivre l’aventure en Principauté, en dépit des nombreuses sollicitations de clubs aussi prestigieux que l’Inter de Milan, Liverpool ou encore la Juventus de Turin. Mais l’admiration qu’il vouait pour son entraîneur et son amour du maillot rouge et blanc étaient autant de raisons pour lui de ne pas quitter le navire sans avoir remporter un titre avec le club de son cœur… Quand survint la décision fatale : Didier Deschamps, lassé des performances en dent de scie de son équipe et déçu de voir son ambitieux projet de construire un grand club européen mis à mal par l’élimination de l’AS Monaco dès le tour préliminaire de la Ligue des champions, annonçait son choix de démissionner, laissant orphelin un joueur qui ne se doutait certainement pas de l’influence que représentait pour lui son entraîneur. Une décision qui mit un terme brutal à la progression du joueur, mentalement affaibli par ce départ préjudiciable. Mais c’était sans compter sur son incroyable combativité, son inébranlable envie de remporter un titre avec l’AS Monaco…
Malheureusement, le football est un sport tellement aléatoire que les choses évoluent de façon parfois très inattendue et c’est un événement quelque peu anodin qui allait influencer les aspirations sportives du natif de Dakar. L’arrière latéral gauche de Manchester United, l’Argentin Gabriel Heinze, se blessait assez gravement, laissant son entraîneur dans l’expectative au moment où son club virait déjà au rouge (sans faire de jeu de mot). Déjà très suivi par Sir Alex Ferguson depuis plusieurs mois, c’est tout naturellement vers ce joueur que l’entraîneur écossais portait son choix afin de palier cette longue indisponibilité. Un choix qui était loin de déplaire au joueur, soucieux de relancer sa carrière internationale à moins de six mois de la Coupe du monde. Mais c’est véritablement à la reprise de l’entraînement, le 28 décembre dernier, que le joueur manifestait son intérêt de quitter le club qui lui est cher. Celui-ci décidait même d’employer les grands moyens en ne participant pas aux entraînements de son équipe, afin de montrer à ses dirigeants sa ferme intention de partir vers d’autres cieux et de rejoindre l’ancien club d’Eric Cantona. Sollicité également par l’Inter de Milan, c’est néanmoins vers le club anglais que semblait se tourner le joueur, désireux de faire ses preuves dans un championnat qui ne lui ferait pas revivre des moments parfois difficiles vécus en Italie. La décision était d’ailleurs confirmée par le coach mancunien en personne, qui parvint à ses fins en obtenant l’accord du club de la Principauté pour un transfert évalué à près de 9 millions d’euros…
Malgré l’attitude pas très gentleman dont a fait preuve Patrice Evra après la trêve hivernal, je ne peux m’empêcher de saluer ce grand joueur, pour tout ce qu’il a apporté au club de mon cœur, mais aussi et surtout pour son exceptionnel état d’esprit. Son attachement pour l’AS Monaco est une preuve sincère que son départ n’est dicté que par des choix sportifs, et c’est tout à son honneur que de le voir quitter le club si tardivement, alors que des clubs aussi huppés que Manchester United lui avait déjà, par le passé, montré leur intérêt. Bravo à lui pour ses trois ans et demi passés sous les couleurs rouges et blanches et souhaitons lui de tout cœur de réussir l’objectif qui lui tient tant en cœur : faire partie des 23 joueurs sélectionnés pour disputer la Coupe du monde 2006 en Allemagne…