L'équipe de France est finalement parvenue à arracher sa qualification pour la Coupe du monde 2006, en battant Chypre 4 buts à 0 et en bénéficiant du résultat nul entre l'Eire et la Suisse. Au terme d'un suspense qui a vu les quatre principaux concurrents se neutraliser à onze reprises - en douze confrontations - il était écrit que cette soirée allait nous donner de nouvelles occasions de trembler. Qui plus est à l'issue d'une rencontre particulièrement crispante où les Bleus ont dû patienter près d'une demi-heure et l'ouverture du score de son maître à jouer, en la personne de Zinedine Zidane, pour enfin se libérer pour finir le travail qui leur permettrait de se mettre à l'abri d'une éventuelle victoire de la Suisse à Lansdowne Road. Pour ce faire, cinq buts devaient être marqués au minimum pour dépasser la Suisse en cas d'égalité. Mais le festival offensif des Tricolores est finalement resté bloqué à quatre réalisations, ce qui auraient été insuffisant si les Irlandais s'étaient inclinés face aux Helvètes. Toujours est-il qu'au terme de ces éliminatoires, l'équipe de France termine en tête de son groupe, restant du même coup invaincue, au même titre que la Suisse et Israël, respectivement barragiste et éliminée. Les Irlandais, eux aussi, regarderont la Coupe du monde à la télévision, eux qui devaient s'imposer pour espérer jouer les barrages.
Avant le match, Youri Djorkaeff ne manquait pas de résumer le chemin à suivre: "ce match ne doit pas être un concours de tirs au but mais un concours d'intelligence". Mais les conseils avisés du champion du monde 98 ne semblaient visiblement pas inspirer les Bleus, qui démarraient la rencontre de manière quelque peu désorganisée et qui pêchaient par excès de précipitation, ce que l'on peut mettre sur le compte de l'enjeu du match et de l'importance d'inscrire ces fameux cinq buts, synonymes de qualification, même en cas de victoire helvétique en Irlande (par un seul but d'écart, bien sûr). Les Chypriotes se permettaient même le luxe d'occuper la moitié de terrain des Tricolores, qui laissaient l'initiative à leurs adversaires en se trouvant systématiquement à égalité numérique sur les replis défensifs. Et c'est finalement face à un adversaire qui ne fermait pas le jeu que les attaquants français, emmenés par le trio Wiltord-Cissé-Govou, se faisaient un plaisir de contre-attaquer avec une facilité déconcertante, mais avec toujours ce manque d'efficacité chronique devant le but, à l'image d'un Djibril Cissé en totale manque de confiance dans ce match pourtant favorable aux attaquants français, tant le marquage mis en place par les Chypriotes laissait à désirer.
Mais il n'est de match facile que si l'efficacité est au rendez-vous. Et ce n'est certainement pas un tableau d'affichage qui restait désespérément vierge qui avait de quoi mettre les Bleus sur les bons rails. D'autant que l'équipe de France restait potentiellement éliminée pendant près d'une demi-heure, moment que choisissait Zinedine Zidane pour inscrire un but libérateur, comme l'avait fait, en son temps, Michel Platini - à trois reprises - lors des éliminatoires des Coupes du monde 78, 82 et 86. Déjà à l'oeuvre dès la 2ème minute de jeu sur une frappe astucieuse des quarante mètres qui obligeait le portier chypriote à repousser le ballon en corner, le "sauveur des Bleus", comme on a souvent tendance à le considérer, indiquait le chemin à suivre à ses partenaires, quelque peu tétanisés par l'enjeu de la rencontre. Un but qui allait véritablement libérer toute l'équipe, orpheline, en plus des absences conjuguées de Thierry Henry, David Trezeguet et Claude Makelele, de Patrick Vieira, qui sortait sur blessure un peu plus tôt dans le match. Et ce n'est que trois minutes après cette ouverture du score que Sylvain Wiltord doublait la mise, suite à une combinaison avec Djibril Cissé. A la 41ème minute, c'est d'ailleurs l'attaquant de Liverpool qui obtient une occasion de porter le score à 3-0, après avoir bénéficié d'un joli "cadeau" des Chypriotes, tous présents dans les trente derniers mètres tricolores, permettant ainsi à l'attaquant français de partir seul au but... Mais il est des soirs où rien ne va pour ces buteurs en manque de confiance, et le duel était une nouvelle fois remporté par le gardien adverse. Ce n'est que partie remise puisque, trois minutes plus tard, Vikash Dhorasoo profitait là encore du laxisme de la défense adverse pour inscrire le troisième but tricolore. Au retour des vestiaires, le match baissait nettement d'intensité et il fallait attendre l'entrée en jeu de Ludovic Giuly, en lieu et place de Sylvain Wiltord, pour trouver trace d'une nouvelle occasion de but. Et c'est en toute logique que le Barcelonais clôturait la marque, en toute fin de match, sur un beau service de Zinedine Zidane. Une fin de match où l'on notait la clameur du public du stade de France, venu en nombre assisté à la victoire des Bleus, mais qui apprenait surtout la bonne nouvelle de Lansdowne Road, où Irlandais et Suisses se neutralisaient, permettant ainsi à l'équipe de France, à défaut d'avoir inscrit ce fameux cinquième but libérateur, d'obtenir enfin son billet pour le Mondial allemand.
Une qualification historique puisque l'équipe de France n'avait plus obtenue son billet pour un tel évènement - par l'intermédiaire des éliminatoires - depuis vingt ans, après deux qualifications d'office successives. Un fait qui ne semble pas avoir ému plus que cela les joueurs, dont la réserve contrastait nettement avec l'euphorie qu'engendre habituellement un tel évènement et qui animait, à juste titre, les 80000 spectateurs du stade de France. Un comportement étrange que ne manquait pas de remarquer Raymond Domenech, qui s'est dit "surpris", à l'issue de la rencontre, par cette attitude générale, même s'il soulignait que cette qualification ne représentait, pour tout le groupe, qu'une "étape" dont l'échéance a été fixée au 9 juillet 2006, date de la finale de la prochaine Coupe du monde...